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Jérôme Fourquet : "Le pays est en panne d'un grand récit qui pourrait restructurer le débat"


Jérôme Fourquet, politologue et directeur du département opinion de l'IFOP, était l'invité du Grand Entretien, ce lundi. Il est l'auteur de "La France d'après. Tableau politique.", dans lequel il explique les transformations électorales du pays à travers différents paramètres.


Jérôme Fourquet Politologue



   
Provient de l'émission
L'invité de 8h20 : le grand entretien

Au programme
  • Après "L'archipel français" et "La France sous nos yeux", le politologue Jérôme Fourquet publie "La France d'après" aux éditions du Seuil (sortie le 6 octobre), le troisième volet d'une trilogie sur la manière dont notre pays change et vote. "Ce livre prend la clé d'entrée de la géographie électorale pour raconter les transformations du pays", explique-t-il.

    "On voit très clairement que les grandes matrices structurantes ont disparu et aujourd'hui, manifestement, le pays est un peu en panne d'un grand récit ou d'une grande grille d'analyse qui pourrait restructurer le débat. On est dans cet espèce d'entre-deux : on sait ce qu'on a quitté mais on n'est pas encore sur quelque chose de stabilisé qui nous remettrait sur des schémas un peu cohérents", indique Jérôme Fourquet.

    Aller plus loin que la sociologie

    Dans son livre, le politologue explique différents votes. Par exemple, il cherche à comprendre pourquoi "la dorsale de l'ouest intérieur" - qui va du sud du département de la Manche au bocage vendéen et aux Deux-Sèvres - vote "bien plus pour Emmanuel Macron que la sociologie le laisserait présager". Pour l'expliquer, Jérôme Fourquet se tourne vers l'histoire : il y a dans cette zone "une implantation ancienne du catholicisme et, même si aujourd'hui les églises ne sont plus tellement remplies, on a cette ombre portée du catholicisme qui a notamment comme valeur un attachement à la construction européenne", indique-t-il.

    Le vote RN déterminé aussi par l'insécurité

    Sur le vote pour le Rassemblement national, Jérôme Fourquet se distingue de Julia Cagé et Thomas Piketty, qui, dans leur ouvrage "Une histoire du conflit politique", expliquent notamment que le vote RN est massivement un vote social et économique, plus qu'un vote identitaire. "Je partage le constat selon lequel l'endroit où on réside et la classe sociale à laquelle on appartient continuent de structurer très puissamment les votes" mais "il y a d'autres paramètres qui entrent en ligne de compte", explique le politologue. "Dans les sondages, oui la question du pouvoir d'achat est centrale pour l'électorat du RN mais, au même niveau, il se dit déterminé dans son vote par la question de l'insécurité, de l'immigration et de l'assistanat", ajoute-t-il.

Illustration
Léa Salamé et Nicolas Demorand - Carré
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  • Radio France
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