Souvent associée à Nadejda Kroupskaïa et Inessa Armand, autres figures révolutionnaires avec lesquelles elle a collaboré sur la "question féminine", elle est un modèle tour à tour encensé ou contesté, tant par le monde politique des années 1920 et les élites politiques russes contemporaines que par les féministes des années 1920, 1970 et 2020 – on la retrouve aujourd’hui parfois citée en théoricienne pionnière du polyamour - autant dire qu’elle offre un modèle pour le moins polyvalent.
Légende de la photo ci-dessus :
Les quatre premiers de gauche à droite : Rykov, Radek, Pokrovski, Kamenev. Du milieu de gauche à droite : Trotski, Lénine et Sverdlov. En bas de gauche à droite : Boukharine, Zinoviev, Krylenko, Kollontai et Lounatcharski.
Elle a sans conteste vécu plusieurs vies en une : fille de militaire, issue de la noblesse, elle décide de rompre avec son milieu et part à Zurich dans les années 1890 où elle s’éveille aux idées marxistes. Suite à la révolution de 1905, à laquelle elle prend part, elle doit quitter la Russie et parcourt l’Europe et les États-Unis. D’abord dans l’opposition menchévique, elle se rallie aux bolchéviques et se joint à la révolution en Russie, entre au Comité central du parti, devient commissaire du peuple à l’Assistance publique, milite pour les droits des femmes, pense les modalités du mariage civil, du divorce et de l’avortement, bref réforme le Code de la famille et théorise l’amour-camaraderie qui doit refaçonner les rapports entre les sexes. Elle défraie la chronique par ses relations avec des hommes plus jeunes qu’elle et fait l’objet d’attaques virulentes venues de son propre camp. Notoirement polyglotte, elle devient la première ambassadrice de la Russie révolutionnaire, passant par la Norvège, le Mexique, la Finlande et la Suède où elle restera en poste jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, entre éloignement subi et loyauté au régime. Egalement écrivaine, Alexandra Kollontaï publie de nombreux textes théoriques, quelques textes de fiction et des écrits autobiographiques qu’elle ne cessera d’enrichir et de modifier.
Quelles furent ses propositions pour réformer le droit des femmes et le Code de la famille ?
Comment était-elle considérée au sein des appareils, et comment, entre grâce et disgrâce, est-elle parvenue à traverser toutes les purges de l’ère stalinienne alors que tant de ses compagnons n’y ont pas survécus ?
Tentative de portrait en nuances et contradictions pour saisir une Alexandra Kollontaï oscillant entre transgression et prudence, pragmatisme et radicalité.
Remerciements
Merci à l’historienne Marion Labeÿ pour la correspondance entre Alexandra Kollontaï et Marcel Body.
Archives Ina
- Entretiens avec Louise Weiss par Pierre Lhoste (France Culture, 12/03/1970)
- Jacques Chancel, dans "Radioscopie", s'entretient avec Louise Weiss (France Inter, 28/11/1969)
Lecture des textes
Avec les voix de : Lison Pinet, Delphine Kéravec et Rafik Zénine
Extraits de textes d'Alexandra Kollontaï : But et valeur de ma vie (Autobiographie, 1926) - Discours aux femmes travailleuses (1918) - Les rapports entre les sexes et la lutte des classes (1911) - Place à l’éros ailé - lettre à la jeunesse laborieuse (1923) - Trente-deux pages (1923)
Autres textes : Clara Zetkin, Souvenirs sur Lénine, écrits en 1924 (publiés en 1925 et 1926)
Bibliographie sélective
- L’Amour libre, Alexandra Kollontaï (Les Prouesses, 2022). Préface, Sophie Cœuré - Traduction, Arthur Hugonnot
- Kollontaï. Défaire la famille, refaire l’amour, Matthieu Renault et Olga Bronnikova (La fabrique, 2024)
- Alexandra Kollontaï, Autobiographie d’une femme sexuellement émancipée (Fayard / Mille et une Nuits, 2024)
- Femmes, corps et révolution (Eterotopia France, rhizome, 2024)
- Des hommes d'influences, les ambassadeurs de Staline en Europe, 1930 - 1939, Sabine Dullin (Payot, 2001)
- Alexandra Kollontaï. La walkyrie de la Révolution, Hélène Carrère d'Encausse (Fayard / pluriel, 2022)
- La révolution, le féminisme, l’amour et la liberté, Alexandra Kollontaï (Le temps des cerises, 2017)
Musique
Synthèse, opus 16 lent /Daniele Lombardi - Polka de Chostakovictch - Polka d'Alexandre Tcherepine par Giorgio Koukl - Forme en l'air, premier mouvement par Arthur Lourie, interprété par Daniele Lombardi - Forme en l'air, deuxième mouvement par Arthur Lourie, interprété par Daniele Lombardi - Refrain de Karlheinz Stockhausen par l'Ensemble Recherche - Chorbuch Wer nur den Lieben Gott de JS Bach arrangé par Mauricio Kagel - Invisibility, œuvre pour violoncelle de Liza Lim par Séverine Ballon - Klavierstücke : Croche = 80 de et par Irina Emeliantseva - Chanson de fin : Pipeau de Brigitte Fontaine
Générique
Un documentaire de Marie Chartron, réalisé par Somany Na. Prises de son, Raymond Albouy et Florent Bugeon. Mixage, Etienne Colin. Coordination, Christine Bernard. Documentaliste Ina, Véronique Jolivet. Attachée de production et édition web, Sylvia Favre-Steyaert.
Quelques Liens