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Marion Barbeau : "Au cinéma aussi il y a une chorégraphie à faire"

Arnaud Laporte
Diffusé le mardi, 07 mai 2024 (59 min)


Première danseuse du ballet de l’Opéra de Paris, Marion Barbeau use de plus en plus d’une nouvelle corde à son arc artistique, en étant devenue comédienne. Révélée par Cédric Klapisch dans “En corps”, on la retrouve aujourd’hui sur grand écran dans “Un homme en fuite”.


Marion Barbeau Danseuse et actrice



   
Provient de l'émission
Affaires culturelles

Au programme
  • Marion Barbeau a suivi le parcours d'excellence des danseurs de l'Opéra national de Paris, jusqu'à faire la rencontre de Cédric Klapisch qui l'a choisie pour incarner son personnage de danseuse dans le film En corps (2022). Comme c'est toujours le cas dans les parcours des danseuses classiques, le parcours artistique de Marion Barbeau a commencé très jeune. Elle a pris ses premiers cours à 6 ans, intégré le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse à 8 ans, et rejoint l'Ecole de l'Opéra de Paris à 11 ans, avant d'intégrer le corps de ballet de l'Opéra à 17 ans en 2008. Son ascension dans les grades n'est pas immédiate, mais elle devient finalement Première danseuse en 2019. Au sein de l'Opéra, Marion Barbeau se distingue tout particulièrement dans les créations des chorégraphes contemporains invités, Hofesh Shechter, Alexander Ekman, Crystal Pite, Sharon Eyal ou encore Alan Lucien Øyen. C'est en 2022 que le grand public la découvre dans le film En corps de Cédric Klapisch dans lequel elle incarne une danseuse classique blessée qui renait en intégrant une compagnie de danse contemporaine. Depuis, elle est en congé de l'Opéra et elle multiplie les expériences d'actrice et de danseuse.

    Le 8 mai 2024 sort en salles L'homme en fuite de Baptiste Debraux dans lequel Marion Barbeau joue la comptable d'une usine des Ardennes qui mène un mouvement social. C'est l'occasion pour Arnaud Laporte de recevoir Marion Barbeau pour évoquer la cohabitation de la danse et du cinéma dans son parcours artistique.

    Travail, travail, travail

    Marion Barbeau commence l’apprentissage de la danse à l’âge de 6 ans dans une petite école privée de Fontenay-sous-Bois, sous la tutelle bienveillante de Marie-Hélène Le Van. A 8 ans, elle rejoint le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et trois ans plus tard, elle est admise à l’Ecole de danse de l’Opéra national de Paris. Elle intègre finalement le corps de ballet de l’Opéra national de Paris à l’âge de 17 ans, succès couronnant des années de travail acharné :

    « J'ai énormément travaillé, j'ai vraiment passé mon adolescence à travailler. D’abord au sein de l'école de danse de l'opéra, tous les après-midi du lundi au vendredi, non-stop, et ensuite, quand je terminais cette semaine, j'allais le vendredi soir prendre un cours collectif puis le lendemain prendre un cours particulier. Travail, travail, travail. Et puis cette professeure, Marie-Hélène Le Van, ma laissé beaucoup de liberté. Même si c'était difficile, c'était toujours dans la joie de l'expérimentation, quitte à faire des choses trop difficiles et à tomber. Mais de se dire, je peux le faire, c'est pour moi, ça m'a aussi forgé une confiance. »

    Du classique au contemporain

    En 2016, après avoir fait ses armes dans le corps du ballet de l’Opéra de Paris et s’être distingué dans des rôles secondaires, Marion Barbeau découvre la danse contemporaine en incarnant le rôle principal de Marie dans Iolanta/Casse-Noisette, sous la direction de Sidi Larbi Cherkaoui, Edouard Lock et Arthur Pita. Plus tard, elle danse pour le chorégraphe Hofesh Shechter dans The Art of Not Looking Back (2018) puis In your rooms (2022), une expérience libératrice pour elle :

    « C’est une expérience totale. Hofesh Shechter le répète beaucoup et pour moi c’est vraiment ce qui le définit. Quand on commence à toucher à ça c’est une liberté infinité. (…) Dans la danse classique, le moment où j’étais le plus stressée c’est quand j’étais très fatiguée. J’avais peur de ce qui pouvait se passer, d’avoir moins de puissance, de tomber…enfin scénario catastrophe. Avec lui, je savais que ça allait être un voyage et que ça allait me porter. Et surtout, je n’étais pas seule. C’est cet esprit de groupe, de collectif, qui est très puissant chez lui. On se donne à fond, comme si on était seule en scène, mais on peut se faire porter par le groupe et porter le groupe en même temps. C’est quelque chose qui nous déplace de nous-même. »

    De la scène au plateau

    On retrouve pour beaucoup cette expérience libératrice dans « En Corps » de Klapisch, dans lequel Marion Barbeau joue pour la première fois. Ce film, qui va faire près d'un million et demi d'entrées en salle, vaudra également à Marion Barbeau d’être nommée meilleur espoir féminin.

    « Nous nous connaissions déjà, quelques années avant le démarrage du film, parce que Cédric Klapisch est un grand habitué de l’opéra et de la danse. Notamment, il avait fait cette captation en 2018, pour 'The Art of Not Looking Back' . C’est là que les planètes se sont alignées. On s’entend bien, on reste en contact, et puis il me parle de ce projet de film de danse. Au début il en parle comme s'il voulait recueillir des témoignages de danseuses. Je lui donne volontiers tout ce que je sais. Et puis, finalement, il tâte un peu le terrain pour savoir si ça me plairait. Évidemment, je n'ai pas hésité une seule seconde.(…) Ça paraît très inaccessible d’être actrice. En tout cas ce n’était vraiment pas prévu. Moi je me disais que j’allais être danseuse toute ma vie. »

    Passée de la scène de cinéma au plateau de tournage comme on fait un entrechat, Marion Barbeau interprète au cinéma une chorégraphie secrète et déploie un jeu basé sur l’expressivité physique.

    « Durant mes années de corps de ballet, il fallait danser sur des scotchs bien précis, tout en ne regardant pas du tout le scotch. Au cinéma, c’est un peu la même chose. On a toute une chorégraphie à faire mais sans que ça se voit, sans que ça se sente. (…) Parfois, le corps dit quelque chose et nous, on raconte quelque chose d'autre avec les mots. C’est aussi passionnant de travailler à déplacer ce qu’on veut dire au centre du corps pour que ça se déploie dans tout le corps. »

    Pour en savoir plus sur son actualité :

    • Un homme en fuite de Baptiste Debraux en salles le 8 mai 2024 avec Léa Drucker, Bastien Bouillon, Pierre Lottin et Marion Barbeau. Synopsis : Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny.

    A venir :

    • Marion Barbeau sera dans “Takemehome”, de Dimitri Chamblas, au Festival Montpellier Danse du 27 au 29 juin, au Festival de Spoleto le 13 juillet, puis en tournée du 18 au 28 septembre à Paris, Valence et Lyon

    Sons diffusés pendant l'émission :

    • Le choix musical de l'invitée : “I was a teenage werewolf” The Cramps, Album : Songs the lord taught us (1987) | Label : CAPITOL
    • Aurélie Dupont dans Affaires Culturelles en avril 2024
    • Hofesh Shechter dans Affaires Culturelles en décembre 2020
    • Cédric Klapisch dans Affaires Culturelles en mars 2022
    • Nadia Tereszkiewicz dans Affaires Culturelles en avril 2024

    Le son du jour : "Follow The Light" de Broadcast

    Souvenez-vous de l'année 1995. La presse musicale anglaise vivait au rythme de la guerre entre Oasis et Blur, les prolétaires de Manchester d'un côté, les bons élèves londoniens de l'autre. Mais derrière ce combat de coq estampillé "Brit pop", c'est du côté de Birmingham qu'il fallait se tourner pour assister aux débuts de Broadcast, formation fondée par la chanteuse Trish Keenan et le bassiste James Cargill. Rapidement signé sur le label Warp, le groupe, dont la formation a beaucoup évolué autour de l'inamovible duo, a offert des disques à la beauté énigmatique. Puisant abondamment dans le psychédélisme des années 60, ils ont façonné une ossature musicale caractéristique, fusionnant chanson pop et musique électronique expérimentale. Leur musique donnait l'impression d'entendre des fantômes hanter notre monde. Ironie du sort, la voix Trish Keenan, tristement décédée d'une pneumonie en 2011, résonne de nouveau dans la collection de démos Spell Blanket que le label du groupe vient d'éditer. Il comprend des pistes sur lesquelles le duo travaillait entre 2006 et 2009. De quoi raviver le souvenir de cette voix mystérieuse, comme sur le morceau "Follow The Light".

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