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"Boursouflé, purge, raté, catastrophe, absurde..." Y aura-t-il quelqu'un au Masque pour sauver le Joker ?

Rebecca Manzoni
Diffusé le dimanche, 13 octobre 2024 (6 min)


Cinq ans après le premier volet, couronné par un lion d'or à Venise, par un Oscar du meilleur acteur pour Joaquin Phoenix et par 1 milliard de recettes, le personnage d'Arthur Fleck dit Le Joker est de retour. Pour le plus grand malheur des critiques du Masque et la Plume.


Jean-Marc Lalanne Critique de cinéma et rédacteur en chef du magazine Les Inrocks
Pierre Murat Rédacteur en chef adjoint de Télérama
Ariane Allard Critique de cinéma (Causette)
Florence Colombani Journaliste et critique cinéma (Le Point)



   
Provient de l'émission
Le Masque et la Plume

Au programme
  • Après avoir commis plusieurs meurtres, dont l'un en direct à la télévision, Arthur Fleck est en prison. Il purge sa peine dans un asile où il fait la rencontre d'une certaine Lee, Lady Gaga à l'écran, grande admiratrice du Joker. Commence alors une histoire d'amour tandis que se déroule le procès d'Arthur Fleck. 
    Ce film est une comédie musicale avec des standards des années 50 et 60, dont quelques uns de Frank Sinatra. Ils sont interprétés par Lady Gaga et Joaquin Phoenix pour raconter les fantasmes de leurs personnages.

    Jean-Marc Lalanne : "Un film bizarre, ambitieux, mais en partie vraiment très raté"

    Le réalisateur a au moins un mérite, il a essayé de se réinventer, mais voilà : "Todd Phillips n'a pas tout à fait la carrure de metteur en scène de ses ambitions formelles." Le critique des Inrocks n'est pas tendre face à ce film hybride qui joue à la fois la carte du procès et de la comédie musicale. "C'est assez mal filmé, assez mal chorégraphié. La partie comédie musicale semble sans arrêt empêchée et ce qu'il inflige au personnage du Joker, qu'il essaie de dés-héroïser, ça ne marche pas non plus. Ce personnage qui finalement serait plutôt un névrosé qu'un schizophrène. J'ai l'impression que ça finit par rapetisser aussi le film."

    Pierre Murat : "Le premier était déjà été une catastrophe, celui-là est pire"

    "Le personnage de Lady Gaga est d'une bêtise. C'est affolant de peindre un personnage de femme comme ça." Mais ce n'est pas le pire pour Pierre qui s'étonne lui aussi de ce mélange entre le film de procès et la comédie musicale : "Ça fait longtemps que je n'avais pas vu un film de procès aussi mal fichu. Il ne se passe rien dans les scènes de procès." Quant à la comédie musicale, notre pauvre Pierre semble avoir vécu une véritable épreuve : "Je me bouchais les oreilles quand Joaquin Phoenix chante. Mais c'est une épreuve, c'est terrifiant. Et Lady Gaga, la pauvre qui chante plutôt pas mal, elle est obligée de chanter pratiquement aussi mal que lui pour ne pas l'écraser. C'est une catastrophe."

    Arianne Allard : "C'est une purge"

    Cette énorme production, puisque le magazine Variety avait chiffré son budget à 200 millions de dollars, n'a pas empêché Arianne de s'ennuyer très vite : " Je me suis demandé pourquoi je m'ennuyais autant face à cette espèce de débauche, de décors, de costumes, de chansons, etc. Mais je pense qu'il manque quand même un truc essentiel au film, c'est sa matière dramatique, il n'y a rien. C'est très simple, c'est très faible, c'est assez insignifiant." Nous avons donc un film de super-héros, un film de procès et une comédie musicale, mais pour Arianne non plus rien ne va : " Ça va faire hurler les fans de Lady Gaga, mais elle chante vraiment les deux tiers du temps dans son souffle et à peine juste. Et je pense que c'est fait exprès et que c'est une posture et que moi du coup, ça m'a parfaitement irrité."

    Florence Colombani : "Comment ont-il cru que ça pourrait marcher ?"

    Florence Colombani rejoint ses camarades : "Je pense que Lady Gaga chante mal, exprès. Elle ne veut pas écraser Joaquin Phoenix qui a un filet de voix et donc ça donne des chansons ni faites ni à faire. La seule chose qui aurait pu être intéressante, c'est cette idée que derrière une chanson comme "Get Happy", qui est une chanson riante d'une comédie musicale avec Judy Garland, se cache un visage grimaçant et noir. Mais le problème, c'est que la mélancolie, la noirceur, c'était déjà dans les comédies musicales des années 40. Et là, c'est fait de façon beaucoup trop grossière."

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Rebecca Manzoni
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  • Radio France
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