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Vous pensiez connaître Roberto Fonseca, le talentueux pianiste cubain qui attira pour la première fois l'attention du public à l'âge de quinze ans lors de son apparition au Festival international de jazz de La Havane. Peut-être savez-vous qu'il a étudié au Havana's Superior Institute of Art et qu'il a sorti son premier album, "Tiene que ver", en 1999. Personne n'ignore par ailleurs, qu'il a assuré le remplacement de Ruben Gonzalez au sein du célèbre Buena Vista Social Club, avant d'accompagner Ibrahim Ferrer lors d'une tournée mondiale de 400 dates au cours de laquelle il séduisit d'innombrables auditeurs.
Par la suite, Roberto Fonseca a également mis son talent au service d'Omara Portuondo. On a aussi pu l'entendre jeter un pont entre Cuba et l'Afrique aux côtés de la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, une collaboration qui donna lieu à la sortie chez Montuno/Jazz Village de "At Home", un live enregistré au Festival de jazz de Marciac. Plus récemment, il a obtenu une nomination amplement méritée aux Grammy awards dans la catégorie "Meilleur album de latin jazz". En un mot, vous pensiez savoir, plus ou moins, qui était Roberto Fonseca.
"Abuc", le huitième album de l'artiste sous son nom mais le premier chez Impulse, révèle pourtant de nouvelles facettes de son talent, mettant notamment en évidence des qualités de conteur qu'on ne lui connaissait pas. Débordant de rythmes irrésistibles et de cuivres porteurs d'une énergie contagieuse, "Abuc" est un véritable kaléidoscope stylistique à travers lequel Roberto Fonseca raconte une histoire d'une grande richesse : celle de la musique cubaine des origines à aujourd'hui.
Passant en revue une multiplicité de genres allant de la contradanza au mambo, en passant par le cha-cha-cha, le danzon et le boléro, influencé tant par l'esprit des descarga, ces jams consacrés aux musiques cubaines, que par celui du hip-hop, cet album offre à Roberto Fonseca l'occasion de raconter cette histoire à sa manière. L'artiste multiplie ainsi les allusions au passé en les incorporant à une musique indéniablement contemporaine.
L'orgue Hammond rencontre l'electro, le passé se confronte au présent, Roberto Fonseca s'affranchissant de toute chronologie au gré des titres, mêlant même parfois les musiques de différentes périodes au sein d'un même morceau. Aux lignes droites, le pianiste préfère les zigzags, aux narrations guindées, les histoires s'autorisant tous les détours. Le titre de l'album est d'ailleurs un palindrome, "Cuba" écrit à l'envers. Dès le départ, Roberto Fonseca nous met en garde : le voyage à travers le temps auquel il nous convie ne sera pas linéaire.
Interprété dans un premier temps par un orchestre puis en piano solo, le thème de "Cubano Chant", composition du pianiste de jazz américain Ray Bryant (1931-2011), ouvre et referme l'album. "Le nom de Ray Bryant est entré dans l'histoire. Il a dédié ce magnifique morceau à la musique cubaine. Je souhaitais lui exprimer ma reconnaissance en commençant l'album avec ce titre. C'est du jazz américain dans lequel on a insufflé l'âme de la guaracha, indique Roberto Fonseca. Lorsqu'on regarde l'histoire de la musique en général, on constate que les liens entre le jazz et la musique cubaine sont très étroits". Comme l'explique l'artiste, inviter Trombone Shorty à jouer sur ce titre était ainsi une manière de "montrer tout ce qui relie Cuba à la Nouvelle-Orléans".
Outre la chanteuse Daymé Arocena et le chanteur Carlos Calunga, de nombreux artistes ont accepté d'embarquer pour ce voyage. On retrouve ainsi Rafael Lay et Roberto Espinosa Rodriguez, les chanteurs de l'Orquesta Aragon, le trompettiste Manuel "Guajiro" Mirabal et le célèbre chanteur de guajira originaire de la province de Santiago de Cuba, Eliades Ochoa. " Hormis ma mère, j'ai pour héros trois chanteurs, confie Roberto Fonseca. Omara Portuondo, Ibrahim Ferrer et Eliades Ochoa, avec lequel j'ai eu la chance de collaborer."