Médiathèque Georges Brassens

Mais nous pourrions un instant nous arrêter sur ce qui pourrait sembler être une tautologie, alors même qu'elle ne l'est pas, et qui forme le dernier opus de l'ouvrage canonique du philosophe : Le je ne sais quoi et le presque rien. 
Cette formule énigmatique, plus que tautologique, c'est la volonté de vouloir. Pour vouloir, il faut le vouloir et pour vouloir vouloir, il faut encore le vouloir, et ce, jusqu'à l'infini.

Le vouloir bien portant le vouloir simple et indivis qui n'a pas perdu la fonction du commencement. Ce vouloir résistant à toute les agrégations commence par vouloir. C'est-à-dire commence par finir, ou finit en commençant. Sa besogne de vouloir étant aussi vite terminée que commencée. Du vouloir, on peut dire comme de la charité. Sans lui, rien ne commence. Grâce à lui, tout aboutit.

Vouloir, c'est vouloir et c'est facile !

S'exclame Jankélévitch, considérant Lapalice comme l'une de ses références philosophiques essentielles. Non sans provocation.

"Une difficulté qu'on ne peut pas résoudre en dénouant le nœud. Eh, bien on la tranche, on la tranche en décidant souvent arbitrairement dans la nuit, aveuglément."

Tout ceux qui commencent à se demander s'ils veulent, en fait, ne veulent pas vraiment, tout comme ceux qui veulent, mais jusqu'à un certain point. Ils ergotent. Mais ils ne veulent pas. Vouloir, c'est trancher, c'est décider.

Oui, mais quand quelqu'un demande : "Mais qu'est-ce que je dois faire pour vouloir ?" Alors on lui répond : "Il faut le vouloir. Que voulez vous faire d'autre ?" Et si vous demandez qu'est-ce qu'il faut faire, c'est que vous ne voulez pas. C'est que vous n'êtes décidé. Alors simplement, c'est que le courage du temps, vous? Et c'est ça le mystère et le lien avec le "Je ne sais quoi"."

La volonté de vouloir reste toujours mystérieuse, rationnelle et irrationnelle, arbitraire et nécessaire. Comme le courage, c'est séance tenante. Comme l'amour, c'est parce que c'est telle ou telle situation et non telle autre. 
Mais dès qu'il s'agit d'expliquer pourquoi, oui, il y a certaines raisons qui peuvent apparaître. Mais elles manqueront toujours l'ampleur du vouloir, de son "je ne sais quoi".

La suite est à écouter